“Fait à la main”, ne vous laissez pas duper

Depuis quelques années, vous voyez fleurir sur les devantures de magasins ou sur les sites de chausseurs peu scrupuleux l’appellation “Fait main”, “Fabriqué à la main”, “cousu à la main”, etc.

Fait Main

Ne pas croire ce qui est écrit juste parce que c’est écrit sans vérifier par vous-même.
Mais vous allez me dire, comment puis-je faire pour savoir qui dit le vrai ?
Il y a des points à vérifier soi-même qui ne trompent pas, en voici quelques-uns :

1- Le prix. En dessous de 1500 € il est impossible de trouver une paire de chaussures pour Homme entièrement faites à la main.

2- La peausserie parfois trop brillante et qui se plie facilement en le pressant sous la main.

3- La doublure qui n’est pas assez tendue en cambrure ce qui donne un aspect palpé-roulé.

4- La finition standardisée des semelles.

5- La finition incomplète de la lisse et du talon.

6-
 Le marquage des doublures trahit également la fabrication industrielle.
Je pourrai continuer ainsi pendant longtemps à vous démontrer des détails plus ou moins visibles même pour un novice.

Qu’entendre par “entièrement faites à la main” ? 

Tout d’abord la prise de mesure du pied puis la réalisation de la forme à monter (le moule de votre chaussure en devenir), ensuite la conception de votre modèle (Richelieu, Derby, Mocassins, Bottines, etc.) Après avoir déterminé votre modèle sur la forme, il faudra en extraire les éléments du patronage du dessus, puis de la doublure ainsi que des pièces non visibles comme les ailettes, le bout dur et le contrefort. Il est temps de découper la première de montage avec son mur de trépointe et la positionnée sous la forme. Intervient alors l’opération du montage à la main. Cette opération nécessite énormément d’expérience et de patience. Après le montage, il s’agit maintenant de coudre la trépointe à la main sur la forme “couture Goodyear”, ajouter le rempli en liège sans oublier le cambrion en bois. La semelle extérieure doit être cousu à la main, pour cela il va falloir au préalable laissé tremper le cuir dans l’eau pendant trois à quatre jours pour l’assouplir afin de pouvoir le découper, mais aussi réaliser la gravure qui abritera la couture “petits-points”. Une première ébauche du débordement de la semelle est faite à l’aide d’un tranchet avant de positionner les différentes épaisseurs de cuir qui composent le bloc talon ainsi que le bombout “couche d’usure du talon”. À partir de là, la finition à la main peut commencer. À l’aide d’un bout de verre coupé et donc tranchant il va falloir usiner les côtés de la semelle et du talon appelé la “lisse”. Cette opération doit être d’une grande précision, avec le soin d’un sculpteur l’ouvrier doit raccorder les épaisseurs de cuir pour qu’elles deviennent parfaitement lisses. Cette opération terminée, il va être temps de s’occuper du ponçage du dessous de la semelle et des différentes possibilités de teintures et de déformes “produits de finition”.

Il faudra approximativement 180 à 200 opérations pour réaliser une paire de chaussures pour homme de sa conception à sa mise en boîte. Alors à moins de trouver un bottier sachant travailler correctement au Bangladesh vous avez parfaitement compris qu’il n’est pas envisageable de trouver la perle rare pour 100 €.

Il n’est pas envisageable de trouver la perle rare pour 100€

Il est très en vogue de trouver des adjectifs comme “petits” devant les mots producteurs ou artisans ou le mot “indépendant” derrière vigneron. Le terme “atelier” est aussi souvent utilisé pour que dans l’inconscient du client, il puisse résider la possibilité d’avoir acheté un produit différent, de meilleure qualité. Allant jusqu’à même vous culpabiliser de choisir un produit industriel. Cette quête de l’authentique ne doit pas vous faire acheter n’importe quoi.


Pour revenir à la chaussure, il a fallu attendre le 1° juillet 2016 pour que la loi soit abrogée. En effet, depuis le 14 mai 1948 (Loi 48-824) il était possible d’écrire à peu près n’importe quoi comme appellation sur des chaussures fabriquées industriellement.


Les chaussures que vous pouvez trouver chez nous ne sont pas faites à la main, ni sur mesure. Elles sont le fruit d’une étroite collaboration entre moi-même et l’atelier Espagnol qui les réalise en utilisant des peausseries de qualité issues de la tannerie Du Puy, ce célèbre établissement Auvergnat appartenant à la maison Hermès et qui a comme client le prestigieux fabricant J.M.Weston. En ce qui concerne les modèles équipés de semelles en caoutchouc nous achetons en Angleterre la fameuse semelle Dainite. C’est une semelle qui est utilisée par des fabricants de luxe comme Crockett and Jones. Ces dernières valent entre trois et cinq fois le prix de nos chaussures. 

Si vous n'avez pas les moyens de vous faire fabriquer des chaussures sur mesure à la main et que vous souhaitez porter des chaussures de qualité, nos souliers sont une très bonne solution puisque pour moins de 200 € en moyenne vous pourrez acquérir une paire de chaussures en cuir “pleine fleur”, doublée peau, au montage “Goodyear” équipée de semelle de cuir au tannage lent ou en Dainite. C’est certainement les chaussures qui ont le meilleur rapport qualité/prix sur le marché.  Je travaille seul avec mon fils Jo dans notre boutique de taille modeste, ces deux facteurs développent très peu de charges, ce qui justifie un prix de vente au détail aussi bas. De plus vous pourrez y trouver un atelier complet pour protéger, entretenir et réparer tous vos souliers.